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Appel à interventions

 

Armand Frémont est décédé samedi 2 mars dernier.

Tour à tour ou simultanément enseignant admiré des étudiants, chercheur innovant inspirant des chemins inédits, administrateur d’autorité reconnue, l’universitaire qu’il fut au cours d’une carrière de plus de 60 ans, nous inviterait aujourd’hui non pas tant à retracer son parcours qu’à réinvestir le bilan de ses enseignements, de ses écrits et des actions qu’il a impulsées.

Ses enseignements et la manière de les transmettre ont marqué le cours des études des nombreux étudiants. Le chercheur a contribué à renouveler le champ, les méthodes et la place de la géographie dans les sciences humaines. Successivement gestionnaire au niveau national de la recherche en sciences humaines, haut responsable au ministère de l’Éducation nationale, recteur des académies de Grenoble, puis de Versailles, président du comité scientifique de la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR), président du groupe d’experts chargé de la rédaction des programmes d’histoire-géographie des classes de Première et de Terminale, il a assumé pendant une vingtaine d’années des responsabilités du plus haut niveau.

Armand Frémont est pour longtemps le Géographe de la Normandie. Les premières années du jeune universitaire sont, pour l’essentiel, consacrées à l’accomplissement de la thèse de Doctorat d’État, qu’il soutient en janvier 1968. L’élevage en Normandie : étude géographique établit un tableau à la fois solidement documenté et intimement vécu de l’agriculture normande, de ses paysages et des changements en cours de ses paysanneries. Du Mortainais au Pays de Caux, l’ouvrage illustre la familiarité qu’il a avec sa Région, ses habitants, leurs activités, leurs pratiques et leurs cultures. Ses recherches ultérieures confirment son enracinement normand en même temps que sa contribution à destination des décideurs et d’un public averti à la connaissance de la Région et aux perspectives de développement et d’aménagement de son territoire. Retenons d’une riche bibliographie en 1977, La Normandie, atlas et géographie de la France moderne ; en 1981, Paysans de Normandie actualisé et réédité en 2015. En 1997, La mémoire d’un port dit, avec le talent littéraire qu’on lui connaît, son attachement à sa ville de naissance et l’intérêt qu’il ne cesse de porter à son histoire et à ses changements contemporains. En 2009, paraît La Normandie sensible, témoignage de son intimité profonde avec la Normandie, ses paysages et ses artistes et du don qu’il a de l’écrire.

Docteur d’État, le maître de conférences récemment promu, élargit ses champs de recherches. Il publie, seul ou en collaboration, articles et ouvrages sur la France, l’aménagement de son territoire, sa géopolitique, sa société. Sa réflexion s’intéresse à l’Europe, ses nouveaux espaces, les antagonismes et les conflits qui la déstabilisent. Souvenirs de sa guerre d’Algérie, il publie en 1982 Algérie : El Djazaïr, les carnets de guerre et de terrain d’un géographe, un témoignage de ses deux années de militaire sur les hauts plateaux du Constantinois pendant la Guerre d’Indépendance de l’Algérie, mais aussi une motivation profonde des liens qu’il a entretenus dans les années 1970 avec l’université de Constantine et ses étudiants, certains devenus professeurs de géographie dans les universités algériennes.

La parution en 1976 de La Région, espace vécu confirme la participation de premier rang d’Armand Frémont aux débats de fond qui agitent alors la géographie française et vont l’orienter, non sans conflits de personnes et de courants de pensée, vers des chemins féconds. Créé au début des années 1970, le Centre d’Études régionales et d’Aménagement —CERA— anime depuis Caen un réseau soutenu par le CNRS de groupes de chercheurs de Rouen, Paris, Pau, entre autres, explorant les champs inédits de la géographie de l’espace vécu, une géographie du point de vue des pratiques et des représentations des habitants et des rapports vécus que les personnes et les groupes ont avec leurs espaces de vie.

L’Action Thématique Programmée (ATP) du CNRS Étude du changement social et culturel, lancée par des sociologues parisiens, ouvre une aventure nouvelle dans le parcours d’Armand Frémont. La géographie qu’il pratique, son ouverture aux autres sciences sociales, la sociologie en premier lieu, le désignent tout naturellement comme porte-parole des géographes engagés dans cette observation des changements survenus en France au cours des dernières décennies. Sans doute faut-il voir dans cette aventure de l’ATP l’inflexion qu’il initie vers une géographie sociale renouvelée —la publication en 1984 du manuel  Géographie sociale rédigé à son initiative confirme les évolutions de la géographie qu’il entend promouvoir.

Puis Armand Frémont passe à d’autres fonctions, d’autres responsabilités, auxquelles les années universitaires l’avait préparé.

Certains parmi les géographes des années 60 se souviendront qu’il prit l’initiative en 1966 de créer l’Association nationale des assistants et maîtres-assistants en géographie, afin d’améliorer leurs conditions d’enseignement et la considération qui devrait s’y attacher. Il est élu conseiller municipal à Caen, « personnalité de gauche » sur une liste conduite par le socialiste Louis Mexandeau. Vice-président de l’université de Caen à partir de 1975, il multiplie les initiatives pour ouvrir l’Université sur sa Région, notamment par les rencontres avec les milieux économiques, par la professionnalisation de certains diplômes, par les initiatives qu’il suscite en formation continue, notamment à destination des territoires ruraux. A l’automne 1981, il contribue avec une autorité unanimement reconnue au succès des assises régionales de la recherche préparatoires aux assises nationales de 1982 destinées à définir les grands principes d’une nouvelle organisation de la recherche en France. En mars 1982, il est nommé directeur du secteur des sciences humaines et sociales au CNRS. Dès lors commence une nouvelle carrière, celle des hautes responsabilités dans la recherche et l’Éducation nationale, recteur 1985 à 1989, puis de 1991 à 1997, gestion du Plan Université 2000 auprès de Lionel Jospin, puis président du conseil scientifique de la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR).

Depuis 2002, l’année de la retraite, Armand Frémont a poursuivi ses activités de recherche et d’écriture. En témoignent les publications des quinze dernières années, les séminaires, causeries et colloques qu’il a animés. En 2011 il est avec Yves Guermond à l’origine du groupe Les quinze géographes normands, universitaires retraités ou en activité des trois universités normandes. Ils ont argumenté pour la réunification de la Normandie et la promotion d’une métropole Rouen-Caen-Le Havre animant tous les territoires de la Région et réduisant les inégalités sociales et territoriales susceptibles de les opposer.

 Au cours de ce colloque que nous lui consacrons, les interventions pourraient s’organiser selon quatre orientations, chacune ayant pour objectif non pas tant de revenir sur l’oeuvre d’Armand que sur les perspectives qu’elle propose aujourd’hui, tant dans la géographie et auprès des géographes que dans les sciences humaines et sociales et leurs rapports aux sociétés contemporaines.

 

1—Armand Frémont géographe de la Normandie, comme natif, enseignant, chercheur, acteur. Quel héritage nous transmet-il concernant la Normandie sa Région, concernant en 2020 son agriculture, la ruralité, ses villes et leurs réseaux. Quelles recommandations ferait le géographe de l’espace vécu et de La Normandie sensible ?

2—Armand Frémont géographe de l’espace vécu, pour une géographie sensible, attentive aux paysages, aux impressions de l’instant, attentive aux gens, à leurs conditions de vie, à leurs rapports à leurs espaces vécus. Comment l’évolution de sa géographie, rurale, puis de l’espace vécu, évoluant vers la géographie sociale, toujours attentive aux impressions, aux cultures et productions artistiques nous invite-t-elle à une géographie aujourd’hui reconnue comme l’un des fondements à la participation des habitants à la vie publique et à la « maîtrise d’usage », s’intégrant dans le champ des sciences sociales et humaines ?

3—Armand Frémont, un enseignant novateur dans les enseignements de la géographie, tant dans l’enseignement secondaire (manuels, présidence au niveau national d’un groupe d’experts pour l’enseignement de l’histoire-géographie au lycée) que dans l’enseignement supérieur, par la conception de ses enseignements, ses rapports avec les étudiants et jeunes chercheurs, la mise en oeuvre d’un renouvellement de la pédagogie de la géographie.

4—Armand Frémont, un géographe engagé. La carrière d’Armand Frémont est jalonnée pratiquement sans interruption de prises de responsabilités soutenues par des visions prospectives, tant dans l’université de Caen et sa région, qu’au niveau national dans la formation des lycéens, la recherche, l’aménagement du territoire : des responsabilités syndicales, des engagements dans le gouvernement de l’université ; au plan national, le ministère de l’Éducation nationale, le CNRS, la DATAR, puis le groupe des 15 géographes normands.

 

Se dessine ainsi la stature d’un universitaire engagé dans son temps, dont l’exemplarité nous interroge sur les fonctions (voire la responsabilité) de l’universitaire dans la Cité.

 

Trois types d’interventions sont attendus :
- des communications, 15/20 minutes
- des témoignages, 8/10 minutes
- pour les étudiants en masters et doctorants, des positions de recherche, 10 minutes

Le comité scientifique se laisse la liberté d’organiser des tables rondes en fonction des intentions reçues.

 

Envoi des intentions d’intervention (en quelques lignes) :

le lundi 30 mars 2020, au plus tard

  Soit à l’adresse suivante : https://colloquefremont.sciencesconf.org

  Soit à : Madame Elisabeth FERET

Mrsh Université de Caen Normandie

Esplanade de la Paix 14032 CAEN Cedex

E mail : elisabeth.feret@unicaen.fr

Avec vos coordonnées :Nom, prénom, adresse, el/ e mail

Envoi des textes de résumé des interventions (entre 3000 et 5000 caractères) : le mercredi 30 septembre 2020 au plus tard. Mêmes adresses.

 

Contribution aux frais de colloque 

 50 euros (gratuité pour les doctorants et étudiants),

à adresser par chèque à l’ordre de MRSH Université de Caen

 À Madame Elisabeth FERET MRSH Université de Caen - 14032  Caen cedex

 

Nom :         ………………………………  Prénom :    ………………………………

Adresse :    …………………………………………………………………..

                     …………………………………………………………………..

 Email :       ……………………………………………….Tél. …………………………….

 

 

 

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